Raffiner les pratiques de la logistique urbaine

Le domaine de la livraison a littéralement explosé durant la pandémie et la tendance ne semble pas prête à s’essouffler. Certains phénomènes nouveaux, comme les commandes à emporter de grands restaurants, posent des contraintes supplémentaires de logistique pour arriver au moment opportun. Les problèmes de circulations dans certains quartiers donnent lieu à des embouteillages et à des problèmes de stationnement pour les camions de livraison. Naturellement, tous ces véhicules de livraison contribuent aux émissions de gaz à effet de serre et en viennent à affecter la sécurité et la quiétude des résidents. Et si la solution passait par des flottes décentralisées de camions électriques plus petits, de vélos-cargos, de bicyclettes électriques ou même de robots mobiles semi-autonomes, chacune desservant la population et les commerces de proximité d’un unique quartier? C’est la solution explorée par un groupe de chercheur de l’ÉTS afin de limiter le nombre de camions en circulation, diminuer la congestion, réduire les coûts de livraison et les impacts environnementaux.

Un programme de recherche global

L’objectif du programme proposé est de créer des architectures théoriques et conceptuelles, ainsi que des outils d’aide à la décision, des modèles mathématiques et des algorithmes d’optimisation pour jumeler des flottes de conducteurs indépendants à des commerçants, sans contrat à long terme. Le programme se décline en quatre volets.

Des modèles de logistique pour la gestion de flottes de quartier

L’électrification du transport des marchandises sur de longs parcours demeure difficile en raison de l’autonomie limitée des véhicules électriques, leur temps de recharge et le peu de bornes de recharge dont ils disposent. Ces contraintes sont beaucoup moins importantes pour la livraison de quartier, qui implique des distances beaucoup plus courtes. Des flottes de petits véhicules électriques pourraient être modélisées, en prévoyant des périodes de recharge après un certain nombre de kilomètres.

Des modèles de logistique visant l’inclusion sociale et la diversité

Le dernier kilomètre de la livraison est souvent assumé par des personnes en précarité d’emploi. Les acteurs principaux du domaine ont su connecter les informations des utilisateurs à celles des conducteurs disponibles, mais sans s’attarder à la durabilité. Une flotte décentralisée de conducteurs, desservant un quartier particulier et dont les informations sont regroupées sur une plate-forme commune, simplifierait la logistique, réduirait la pollution émise et deviendrait un vecteur d’inclusion et de diversité. La mobilité en tant que service (MaaS) ainsi que la connectivité automobile pourraient ouvrir la porte à la prise de décision décentralisée et non monopolistique.

De petites flottes intégrant des mesures de compensation

Plusieurs solutions peuvent être explorées pour appuyer les fournisseurs de services logistiques : cueillettes et livraisons par externalisation ouverte, des conducteurs sporadiques, des décisions simultanées d’inventaire. Toutefois, de nombreuses autres avenues sont possibles, comme la flexibilité de l’heure de livraison, les compensations lorsque la flotte n’est pas disponible ou en cas de congestion et de retards.

Des algorithmes d’intelligence artificielle pour déterminer les itinéraires

L’apprentissage machine permettra de simplifier les règles de décisions, lesquelles reposeront sur la caractérisation et le regroupement de solutions logistiques couramment utilisées, mais impliquant des calculs mathématiques complexes.

Un pas de plus vers la ville intelligente

Le transport de marchandises se doit de répondre aux nouvelles exigences de cette fin de pandémie tout en adoptant le virage de la durabilité afin de réduire la congestion, le bruit et les coûts, et garder nos quartiers sûrs. Pour y arriver, nous sommes tenus de réviser les pratiques actuelles en logistique et mettre en œuvre de nouveaux modèles de décisions.