Le jeu vidéo : une oeuvre d'art en mouvement
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Jeu vidéo : ces deux mots font rêver. Pourtant, la réalité de cette industrie de 200 milliards de dollars peut parfois se transformer en cauchemar pour des équipes qui bossent à un rythme d’enfer derrière leur écran afin de livrer le produit à temps et dans le budget imparti. En fait, seulement, 16 % des projets seulement parviennent à ce résultat. Fabio Petrillo, professeur en génie logiciel à l’ÉTS, a longuement réfléchi à cette problématique spécifique à la culture du jeu vidéo.
Produire des jeux vidéos intéressants
« Le processus est trop figé, trop compartimenté. On fait les esquisses, ensuite les codes, puis les animations, la musique… Mais comment fait-on pour mesurer le plaisir qu’éprouve la personne en train de jouer ? », déplore Fabio Petrillo. Parfois, ce n’est qu’à l’étape finale de production qu’on se rend compte que le jeu est inintéressant.
Pour Fabio, un jeu vidéo est une œuvre d’art en mouvement. Il faut tester des sous-ensembles du projet et concevoir des interactions de plus courte durée afin d’évaluer les étapes du travail et, ensuite, ajuster le jeu. Bref, le chercheur propose d’utiliser la méthode Agile, qui mise sur la collaboration et l’interfonctionnabilité, plutôt que d’adopter le modèle en cascade traditionnel où chacun travaille en silo.
Au cours de ses études à la maîtrise en génie informatique à l’université fédérale du Rio Grande do Sul au Brésil, Fabio Petrillo découvre la flexibilité de l’approche Agile dans la conception de logiciels. « Pourquoi ne pas appliquer des techniques bien rodées en génie logiciel à l’industrie du jeu vidéo ? », se demande le jeune chercheur. Ce qu’il prônait en 2006 est devenu la façon de faire de l’industrie aujourd’hui.
Fabio Petrillo possède une expertise de pointe en génie logiciel, notamment en matière de jeux vidéo et de leur architecture. Son champ de spécialisation s’étend également à un autre domaine qui fait appel à la collaboration, le débogage par essaim.
Partager les résultats avec les développeurs
Lors de son doctorat en génie logiciel, Fabio s’est penché sur le problème lié aux erreurs de programmation. « On passe des heures et des heures à faire du débogage dans un projet. Mais quand on a terminé une session, ce contexte, cette intelligence, ces données, tout est perdu. Il faut repartir à zéro. » Fabio Petrillo trouve essentiel de récolter les données précieuses qui ont permis de débusquer les erreurs et de les partager avec la communauté des développeurs et développeuses. Ce système interactif, appelé le débogage par essaim, permettra d’améliorer, voire de développer les connaissances des spécialistes de l’informatique. C’est un défi de trouver la bonne plateforme et le bon environnement pour encourager ce partage de données. Mais Fabio Petrillo est un homme de défis.
L’occasion de poursuivre sa recherche à Montréal
Lors du premier cours en informatique auquel s’est inscrit Fabio au secondaire, l’enseignant déclare : « La majorité d’entre vous ne travaillera jamais en informatique ». Fabio s’est alors promis de faire partie de la minorité. Non seulement il a obtenu son doctorat en informatique, mais Fabio Petrillo a toujours été actif au sein de cette industrie, au Brésil comme au Canada.
C’est également par défi qu’il a accepté l’invitation du ministère de l’Immigration du Québec lors d’une mission de recrutement de travailleurs qualifiés au Brésil en 2009. Fabio y a vu une occasion exceptionnelle de poursuivre sa recherche en partenariat avec l’industrie du jeu en plein essor à Montréal. En mai 2013, il déménage à Montréal et deux ans plus tard, devient chargé de cours à Polytechnique Montréal. En 2017, il entame ses études postdoctorales à l’université Concordia qui l’amène à effectuer un stage chez Ubisoft. Plusieurs bourses lui sont accordées, notamment celle du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada. En 2018, il accepte un poste de professeur agrégé à l’Université du Québec à Chicoutimi où il supervise le travail d’étudiants, dont l’un occupe un poste d’ingénieur chez Google. Puis, en 2022, il saisit l’occasion de devenir professeur en génie logiciel à l’ÉTS.
Savoir aider les élèves en difficulté
« Moi, j’aime les élèves qui éprouvent des difficultés ». Cet aveu explique sans doute la raison pour laquelle Fabio Petrillo a été nominé à deux reprises dans la catégorie « Meilleur enseignant » à Polytechnique Montréal. « Mon objectif, c’est de comparer la personne qui arrive dans mon cours à celle qui en ressort ». Certains n’ont pas eu la chance de développer leur expertise et leurs habiletés. Alors, entendre un élève s’exclamer : « Wow! Jamais je n’aurais pu imaginer que j’étais capable de réussir! » est la plus grande des récompenses pour le professeur Petrillo.
La grande humanité qui guide Fabio Petrillo se reflète dans tout ce qu’il entreprend, que ce soit pour faciliter le travail des spécialistes en informatique, nourrir l’estime de soi de ses élèves ou améliorer l’ingénierie des jeux vidéo. Et s’il faut bousculer les méthodes traditionnelles, qu’à cela ne tienne! L’avenir appartient aux visionnaires, et Fabio voit loin.