La quête de la vitesse
Le patinage de vitesse sur piste courte, un sport qui repousse les limites de la vitesse et de l’agilité sur la glace, repose sur des réflexes rapides comme l’éclair, un équilibre impeccable et une condition physique optimale. Les athlètes peuvent atteindre des vitesses allant jusqu’à 55 km/h, ce qui nécessite une collecte de données précises en conditions de course afin de comprendre et d’améliorer les performances. Les méthodes traditionnelles, comme les patins instrumentés ou les systèmes optoélectroniques, ont permis d’obtenir certaines informations, mais pas de saisir toute la complexité des mouvements de patinage. Avec la technologie portable (unités de mesure inertielle (IMU)), on assiste à une percée en biomécanique sportive.
La puissance de la technologie portable
Les IMU ont changé notre façon d’étudier les performances sportives en collectant des données en temps réel sans entraver les mouvements naturels de l’athlète. Ces dispositifs, déjà utilisés en natation, football et patinage artistique, fournissent des données cinématiques détaillées essentielles à l’analyse et à l’amélioration des performances. Une recherche récente de l’École de technologie supérieure, de l’INS Québec et de Patinage de vitesse Canada se penche plus particulièrement sur les facteurs de performance en patinage de vitesse sur piste courte.
Dévoiler les facteurs clés de performance
Les relevés IMU sur les vitesses des athlètes de l’équipe canadienne sur courte piste ont permis à l’équipe de recherche d’analyser les mouvements sur glace et d’identifier sept caractéristiques biomécaniques, ou facteurs, qui influencent significativement les temps au tour. Ces facteurs, s’ils sont optimisés, peuvent mener à d’importantes améliorations de performances.
Par exemple, ajuster de seulement 10 cm l’espace entre les pieds ou la hauteur du bassin à la fin du mouvement de patinage permet de gagner jusqu’à 0,5 seconde par tour. Pour des athlètes élite, 0,5 seconde par tour représente une amélioration importante et un atout majeur par rapport à leurs compétiteurs. Ces mesures fournissent à l’encadrement et aux athlètes des informations claires et exploitables pour améliorer leur entraînement et leurs techniques ainsi que leurs performances sur la glace.
Une étude parallèle sur la flexibilité de la cheville
Une étude simultanée aux performances en patinage de vitesse a porté sur la souplesse des chevilles. La dorsiflexion, c’est-à-dire la capacité de plier le pied vers le haut, joue un rôle important dans l’efficacité et la puissance de la foulée de l’athlète. Une étude sur la variation intrajournalière de la dorsiflexion mène à l’hypothèse que les angles de dorsiflexion maximale augmentent durant la journée, surtout après les séances d’échauffement.
L’étude a porté sur 30 athlètes de l’équipe canadienne sur courte piste soumis à des tests répétés de flexibilité de la cheville tout au long de leurs journées d’entraînement. Les résultats ont montré une augmentation importante de la dorsiflexion après l’échauffement initial de la journée, ce qui confirme l’hypothèse (figure 1). L’étude n’a pas révélé, cependant, de différences notables dans la flexibilité de la cheville entre sexes ou niveaux des équipes. Cela suggère qu’un entraînement ciblé de la flexibilité pourrait être bénéfique à tous les athlètes de manière uniforme.
Au-delà de la courte piste
Intégrer ces deux études permet de concevoir une approche globale d’optimisation des performances. Bien que cette étude ait porté sur le patinage de vitesse, les résultats s’étendent à d’autres sports caractérisés par des changements rapides dans la dynamique des mouvements. En identifiant et en quantifiant les facteurs clés de performance, l’équipe de recherche a fourni aux athlètes des informations adaptées à leur entraînement. Comprendre la dynamique de la flexibilité de la cheville tout au long d’une journée d’entraînement peut profiter aux athlètes de toutes les disciplines. Une telle connaissance pourrait également mener à l’élaboration de programmes d’entraînement et de stratégies plus efficaces de prévention de blessures.
La recherche au service de la performance quotidienne
On pourrait comparer l’optimisation des performances d’un athlète au réglage des voiles d’un bateau qui permet de prendre le vent et de naviguer efficacement. Cette métaphore illustre l’importance des travaux de l’Institut national du sport. À l’INS Québec, des recherches de pointe sont menées pour soutenir et améliorer la performance athlétique dans diverses disciplines. La recherche est axée sur la biomécanique, la physiologie, la psychologie, la nutrition et la technologie sportive. Elle vise à développer des techniques d’entraînement innovantes, à améliorer les performances et à mettre en place des stratégies de prévention des blessures. Ces études explorent aussi les complexités du mouvement humain, au moyen d’équipements et de méthodologies de pointe pour recueillir des données précises. L’objectif est de traduire les résultats scientifiques en applications pratiques à l’avantage des athlètes des équipes canadiennes élites.
Les connaissances provenant de ces études pointues ont également des applications pratiques pour les activités de tous les jours. Comprendre et optimiser ses mouvements est bénéfique pour tout le monde, qu’il s’agisse d’adeptes de sport amateur ou de personnes qui se remettent d’une blessure.
Complément d’information
Pour plus d’informations sur cette recherche, veuillez lire l’article suivant : Claudel, J.; Turner, E.; Clément, J. 2024. Intraday Variation of Ankle Dorsiflexion in Short-Track Speed Skaters. Human Kinetics Journals. Volume 19. Issue 8. p. 833-835.