
Il était une fois l’ordinateur…
Dès les premiers ordinateurs destinés au grand public, il était clair que seuls des spécialistes pouvaient comprendre leur fonctionnement. Il fallait rendre ces appareils accessibles à monsieur et madame Tout-le-Monde en partant de principes cognitifs. Quel langage est le plus approprié? Combien de données un individu moyen peut-il traiter? Comment améliorer l’expérience des utilisateurs et utilisatrices?
« Mon rôle en tant que designer UX (User eXperience) est de m’assurer que l’expérience d’artefacts numériques soit intuitive et satisfaisante, que les utilisateurs puissent s’en servir facilement », résume Annemarie Lesage, professeure de design à l’ÉTS.
De la céramique à l’artéfact cognitif
Dès son jeune âge, Annemarie Lesage s’intéresse à la créativité et à l’innovation. Après avoir obtenu un baccalauréat en Beaux-Arts/céramique à l’Université Concordia, elle décide de poursuivre ses études de maîtrise à l’Université d’État de Louisiane. Elle séjournera douze années aux États-Unis, le temps d’obtenir une seconde maîtrise en design graphique au School of Arts de l’Université de la Caroline du Nord et de fonder une famille. C’est dans le cadre du cours Design as cognitive artifact (le design en tant qu’artéfact cognitif) qu’Annemarie fait la rencontre de la professeure Meredith Davis, lauréate d’une cinquantaine de prix nationaux et internationaux en design graphique et en enseignement du design. Cette pionnière exercera une profonde influence sur Annemarie. « L’ampleur de sa vision était hors du commun », affirme-t-elle.
Créer des moments de grâce

De retour à Montréal, Annemarie termine son doctorat en aménagement, technologie et innovation à l’Hybridlab de l’École de design de l’Université de Montréal en 2015. Sa thèse porte sur l’expérience autotélique, ces moments de grâce où on est complètement absorbé par ce que l’on fait. Annemarie Lesage met de l’avant plusieurs éléments cruciaux qui favorisent ce déclic cognitif, notamment la prise de conscience du wow! La chercheuse constate que les créateurs numériques sont tellement préoccupés par l’efficience qu’ils ont tendance à négliger le temps de recul et de réflexion nécessaire pour apprécier cette sensation de bien-être.
Un pied dans le marché, l’autre dans l’enseignement
Annemarie Lesage a toujours travaillé en étroite collaboration avec les entreprises pour améliorer leur expérience utilisateur. Elle insiste sur l’importance de continuellement considérer la personne utilisatrice : « Ma mère de 85 ans pourrait-elle remplir ce formulaire juridique en ligne? » Le design ne se limite pas à l’esthétique et à la fonctionnalité. Il doit s’adapter à la personne qui l’utilise, comme un gant s’adapte à la main, croit Annemarie.
Enseigner et reconnaître le talent émergent
Après avoir enseigné sept années à HEC Montréal, Annemarie fait le saut à l’ÉTS en 2024 pour transmettre à la future génération de designers ce qu’elle a appris, tant en théorie qu’en pratique. Elle juge essentiel qu’ils s’approprient l’information qu’elle leur communique pour mieux l’intégrer à leur propre bagage. La professeure Lesage se perçoit avant tout comme une dénicheuse de potentiels plutôt que comme une détentrice d’un savoir figé.
Une multitude de projets jonchent sa table de travail, notamment celui qui porte sur l’expérience cognitive de l’immersion sonore. Elle désire explorer avec ses étudiantes et étudiants la capacité du son à créer une réalité virtuelle. D’autres recherches se concentrent sur la réflexion conceptuelle (design thinking) utilisée, entre autres, par les gens d’affaires.
La créativité, c’est l’oxygène de l’être humain
L’intelligence artificielle rend humble; elle peut résoudre des problèmes insolubles pour les humains. Selon Annemarie Lesage, nous quittons le paradigme du taylorisme pour gravir les dernières marches de la pyramide de Maslow. La créativité devient encore plus essentielle.
Il est faux de croire que le geste créatif n’est valable que s’il est unique, ou que l’intelligence artificielle supplantera la créativité humaine parce qu’elle est plus performante. On a besoin d’être créatif comme on a besoin de respirer. Pourquoi laisser les machines s’en charger et se priver du plaisir de créer?
« Placer l’humain au cœur de l’expérience utilisateur, c’est aussi se poser la question : qu’est-ce qui ajoute de la valeur à nos vies? », conclut Annemarie Lesage.
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