
Imaginez recréer un visage humain en trois dimensions à partir d’une seule photo, générer un avatar réaliste et animé sans avoir recours à des équipements coûteux, ou encore animer un vêtement numérique sur n’importe quel avatar. À la croisée de l’infographie 3D, de l’intelligence artificielle et de la créativité, le professeur Eric Paquette conçoit des outils qui transforment la manière dont les artistes numériques créent des mondes virtuels.
Ses travaux, bien ancrés dans la recherche appliquée, sont au service des industries du jeu vidéo, du cinéma, de la publicité et des effets visuels. Ses collaborations avec des géants comme Ubisoft et Autodesk témoignent des retombées concrètes de ses innovations. Son objectif : permettre aux artistes de produire des contenus de haute qualité, plus rapidement et plus facilement.
Un coup de pouce pour les artistes numériques
Qu’il s’agisse de modéliser des visages, des cheveux ou des vêtements, l’équipe de recherche d’Eric Paquette développe des solutions intelligentes qui réduisent le temps de production et augmentent la souplesse de création. Par exemple, en partenariat avec Ubisoft, il a conçu un système permettant d’éditer des visages numérisés à l’aide d’un réseau de neurones profond. L’idée : comprendre mathématiquement ce qu’est un visage pour pouvoir le modifier finement (nez, yeux, mâchoire) sans altérer l’ensemble. Résultat : des outils intuitifs qui génèrent en quelques clics une infinité de personnages réalistes.

Côté coiffure, ses recherches ont permis de reconstruire des tresses à partir d’une simple photo, un défi rarement relevé dans la littérature scientifique. En s’appuyant sur l’intelligence artificielle, son équipe a su créer un modèle paramétrique contrôlable (longueur, épaisseur, fréquence des brins), adaptable selon les besoins. Et pour les artistes préférant sculpter leurs créations dans des logiciels comme ZBrush, il a mis au point un système qui transforme automatiquement les sculptures 3D de cheveux en coiffures exploitables, accélérant un processus normalement laborieux.
Vers un doublage qui ne trahit pas le visage
Parmi ses projets figure une technologie de doublage audio-vidéo destinée à la publicité. Le principe : synchroniser les mouvements des lèvres d’une personne avec ceux d’un doubleur parlant dans une autre langue, sans que le visage original perde sa familiarité. L’outil, fondé sur de l’IA générative, permet de conserver l’identité visuelle de la personne tout en adaptant son discours à différents marchés. Un défi technique et esthétique : il ne suffit pas que ce soit crédible, il faut que la personne reste elle-même.
Des avatars à portée de clic
Autre innovation notable : la reconstruction d’avatars animés à partir d’une seule image. Alors que la création d’avatars hyperréalistes nécessite habituellement un studio bourré de caméras et d’éclairages, la méthode mise au point par le professeur Paquette démocratise le procédé. En extrayant à la fois la morphologie et la texture à partir d’un simple portrait, le système produit un avatar prêt à être animé, ouvrant la porte à de nouvelles applications en réalité virtuelle, réalité augmentée et jeux vidéo.
Maîtriser les fluides

Loin de s’arrêter aux figures humaines, le chercheur s’attaque aussi aux éléments naturels comme les fluides. Pour alléger la charge de calcul des simulations liquides (très lourdes en ressources) il a formé des réseaux de neurones capables de générer rapidement une version basse résolution, qui guide ensuite l’ajout automatique de détails. Dans un autre projet, il a inversé la logique de simulation : pour qu’un jet d’eau prenne la forme d’un dragon ou d’un visage en plein mouvement, il a simulé l’écoulement... à rebours.
Un fil conducteur : l’intelligence au service de l’image
Au cœur de chacun de ces projets se trouve un même souci : réduire les contraintes techniques pour libérer la créativité. Que ce soit pour texturer de la lave en fusion, générer des effets spéciaux bluffants ou animer des vêtements sans tout recommencer à chaque changement de morphologie, Eric Paquette conçoit des outils intelligents, robustes, adaptés aux réalités du terrain.
Dans un monde où les pixels bougent, s’habillent, parlent et réagissent comme des humains, ses recherches nous rappellent qu’il faut bien plus qu’un algorithme pour faire vivre l’illusion : il faut un lien fort entre science, technologie et art.