
« C’est en amont qu’il faut être sélectif; après, même ce qui semble facile est complexe », souligne Julien Trochu, professeur en génie industriel de l’ÉTS. Il donne l’exemple du bois de construction qu’on désire récupérer lors de la restauration ou démolition d’un bâtiment. Le bois peut avoir été contaminé par les abrasifs, de la peinture au plomb ou par d’autres matières. Où achemine-t-on ce bois?
Afin de faire face à l’appauvrissement des ressources naturelles, il devient impératif de réutiliser les matériaux. La logistique inverse correspond au processus de planification favorisant la récupération des produits dans une chaîne circulaire. On distingue deux types de logistique inverse : en boucle fermée — les produits en fin de vie retournent chez le fabricant original, et en boucle ouverte —, les produits en fin de vie sont recueillis par un fabricant indépendant.
La logistique inverse : maximiser l’efficacité du recyclage
Au cours d’un stage à l’ÉTS en 2012, Julien découvre le lien entre la dimension environnementale et les opérations logistiques. « Comment peut-on aider l’industrie à trouver des solutions qui vont avantager tout le monde? », se demande-t-il. Ses travaux de maîtrise et de doctorat portent sur l’utilisation des modèles mathématiques pour optimiser les opérations logistiques liées à la revalorisation des matières résiduelles. Il explore plusieurs options, entre autres, la mise en place de centres mobiles de tri à la source. On évite ainsi la dégradation et la contamination accrue des matériaux pêle-mêle dans le conteneur, qui seront envoyés au centre de recyclage pour être finalement réacheminés vers diverses destinations, voire à la décharge tout simplement.
En 2015, Julien Trochu obtient sa maîtrise de l’ÉTS, puis son doctorat de la même institution en 2019. Cette année-là, il remporte le prix du jeune chercheur Laurent Villeneuve lors du Congrès international de génie industriel devant ses pairs et ses professeurs. « C’était vraiment la consécration de toutes ces années de travail acharné et de persévérance », avoue Julien.
Essaimer son savoir
Son directeur de recherche, Amin Chaabane, ainsi que son codirecteur, Mustapha Ouhimmou, se sont avérés des guides précieux tout au long de son parcours universitaire. Julien a appris le métier de chercheur auprès d’eux. Constater une problématique, se pencher sur ce qui existe, trouver une voie inexplorée, proposer des solutions, puis les mettre à l’épreuve : voilà le défi. Et ensuite, transmettre son savoir à une multitude d’étudiants et d’étudiantes, qui à leur tour, le diffuseront dans les différents domaines où ils évolueront. C’est en tout cas la mission que s’est donnée Julien Trochu comme professeur en génie industriel à l’ÉTS.
Concilier la psychologie à l’enseignement
La psychologie a toujours été un centre d’intérêt pour Julien. Comprendre le fonctionnement de l’esprit humain favorise la réflexion sur soi-même. Grâce à cette boîte à outils, il a réussi à contourner les obstacles qui ont jonché sa route de la France à Montréal, puis pendant ses longues années de recherche. Si sa passion pour les mathématiques ne l’avait pas entraîné vers la voie en génie, il aurait sans doute choisi une carrière de thérapeute. Il se sert donc de la psychologie pour approfondir sa relation avec ses étudiants et étudiantes et pour les inciter à repousser plus loin leurs limites. Si on peut changer en tant que société, on peut aussi le faire à titre individuel, et vice-versa.
La logistique inverse est une réaction à un problème. « Le plus efficace, c’est de considérer l’étape de fin de vie du produit dès le début de sa conception », conclut Julien Trochu.