Bien que son arrivée en tant que professeur-chercheur soit toute récente, Philippe Causse se trouvait en terrain connu lors de son premier jour de travail à l’ÉTS. En effet, celui qui est aujourd’hui membre du Département de génie des systèmes a quitté la France en 2002 pour réaliser une partie de sa maîtrise à l’ÉTS et l’autre à Polytechnique Montréal. L’étudiant s’intéressait alors aux matériaux thermoplastiques dans une optique d’application biomédicale.
Dix ans pour passer d’un concept à la pièce réelle
Ses études doctorales l’amèneront ensuite à travailler au sein de la Chaire industrielle General Motors sur les composites à haute performance, de Polytechnique Montréal. Ses travaux, portent alors sur le développement d’un nouveau procédé de fabrication, suscitent beaucoup d’intérêt chez le groupe Safran, l’un des plus grands fabricants de moteurs d’avion à l’échelle mondiale. À un point tel que la société l’invitera à se joindre à SNECMA, l’une de ses filiales, pour qu’il y poursuive ses études postdoctorales. Et si ses travaux avaient jusque-là porté sur des applications liées au secteur automobile, il doit désormais adapter les technologies de mise en œuvre à de nouveaux matériaux en vue de les intégrer dans les moteurs d’avions de nouvelle génération. Pour terminer son postdoctorat, il retournera à Polytechnique Montréal, où il se joindra à l’équipe d’une chaire de recherche financée par Safran.
Philippe Causse poursuivra ensuite sa carrière auprès d’ERFT Composite, où il travaillera à l’industrialisation des procédés. « En fait, ce que j’avais fait dans le cours de mon doctorat a été implanté sur une pièce d’envergure pour un moteur d’avion ». Ce projet s’est avéré un succès et, par le fait même, la fin d’un cycle pour celui qui venait de passer dix ans au développement d’une technologie désormais passée « de concept à pièce réelle ».
C’est à ce moment qu’il choisit de revenir au milieu universitaire comme associé de recherche à Polytechnique. Il travaille avec des étudiants sur des problématiques fondamentales liées aux procédés, telles la caractérisation avancée des matériaux et la simulation numérique. Il travaillera aussi six mois sur la caractérisation et la modélisation des écoulements diphasiques avec l’équipe de la Chaire industrielle General Electric de Polytechnique.
Implanter les composites avancés dans de nouvelles applications
Aujourd’hui, en plus de poursuivre ses collaborations, Philippe s’emploie désormais à la mise sur pied de nouveaux projets visant à implanter les matériaux composites avancés dans de nouveaux champs d’application. « Globalement, le projet que j’espère mener à bien vise à faciliter la mise à l’échelle et l’industrialisation des procédés afin que les technologies émergentes puissent sortir des laboratoires universitaires et atteindre les usines de production. Les matériaux composites sont étudiés depuis très longtemps par les scientifiques, mais nous n’avons probablement pas encore assez travaillé sur les problématiques liées aux transferts technologiques vers l’industrie. À l’heure actuelle, les composites sont largement utilisés dans le secteur aéronautique, mais nous ne sommes pas nécessairement en mesure de les appliquer ailleurs, faute de procédés de fabrication adaptés. Il nous faut trouver le moyen de favoriser de nouvelles applications dans le domaine du transport terrestre, du génie civil, de la construction, etc. », explique-t-il.
Philippe Causse rêve de jumeler un jour les spécialistes de la conception avec ceux de la fabrication, dès les étapes initiales de développement de nouveaux produits. « Ma vision des choses colle à la philosophie de l’ÉTS, soit d’utiliser les meilleurs moyens techniques dans la science de haut niveau pour développer de nouvelles applications. J’ai par ailleurs la chance d’arriver dans un département qui est très hétéroclite sur le plan des compétences, ce qui ne peut que favoriser les avancées », conclut-il.