23 septembre 2025
Tout le monde le sait, le milieu de la construction est un vaisseau imposant très difficile à manœuvrer. On peut donc facilement imaginer l’importance de la gestion et de la planification sur un chantier. C’est là où intervient Stéphane Morin Pépin, professeur en génie de la construction à l’ÉTS. « Comment opérer le séquençage des travaux en se basant sur la planification spatio-temporelle? », demande l’ingénieur.
Normalement, un entrepreneur liste les étapes à réaliser à l’aide d’outils à sa disposition, notamment des logiciels spécialisés, des tableurs et des schémas. Cependant, ce processus ne tient pas toujours compte de la congestion possible des aires de travail, ce qui peut entraîner un dépassement des délais et accroître les risques.
L’expertise de Stéphane Morin-Pépin porte sur la planification par la gestion dynamique du taux d’occupation. Cette approche consiste à diviser le projet de construction en deux éléments : d’abord, on évalue l’espace disponible sur le site et on le découpe en sous-espaces. Deuxièmement, on dresse la liste de toutes les équipes impliquées, on calcule l’espace nécessaire pour l’exécution de leurs travaux, puis on leur attribue un secteur spécifique et une échelle de temps. Cette méthode permet de faire tourner la main-d’œuvre entre les différentes zones du chantier et d’atteindre un taux d’utilisation optimal du site.
Stéphane développe un intérêt pour la gestion de chantiers progressivement. À l’aube des années 2000, sa famille fonde une petite entreprise de construction. Stéphane y fait ses classes, puis il choisit de s’inscrire au baccalauréat en génie de la construction à l’ÉTS.
Après avoir obtenu son diplôme en 2014, Stéphane travaille pendant quelques années au sein de grandes entreprises. « La planification et le suivi des échéanciers représentaient un défi pour moi comme responsable du projet, » admet-il. Il souhaite en apprendre davantage sur la gestion, surtout que le BIM (Building Information Modeling) gagne en popularité dans l’industrie. Stéphane entreprend des études à la maîtrise en gestion de projets de construction à l’ÉTS et bénéficie d’un passage accéléré au doctorat grâce à son dossier exceptionnel.
Parcours universitaire éclairé par un mentor dédié
Stéphane a la chance de rencontrer Adel Francis, spécialisé dans la modélisation chronographique, qui deviendra son directeur de recherche. Le professeur Francis lui prodigue des conseils et du soutien pendant toute la durée de ses études supérieures. « Je ne serais pas ici sans lui », affirme Stéphane Morin Pépin. Le doctorant collabore avec son mentor au développement et à la mise en œuvre d’une procédure pour le calcul dynamique du taux d’occupation d’un chantier. Stéphane reçoit son doctorat en 2024 et décroche un poste de professeur en génie de la construction à l’ÉTS l’année suivante.
Préparer l’avenir maintenant
Pour le professeur Morin Pépin, la recherche et l’enseignement sont étroitement liés. Les sujets de recherche actuels peuvent se transformer en matière pédagogique dans cinq à dix ans. C’est ce processus qui rend le milieu universitaire intéressant, selon lui. En outre, les étudiants et étudiantes, ayant acquis de l’expérience avec des outils récents, pourront les partager avec le secteur industriel. Ces deux entités fonctionnent en synergie.
Stéphane Morin-Pépin, professeur à l’ÉTS
Maintenir le dialogue avec l’industrie
Stéphane soutient que la création d’un outil ou d’une application efficace exige un échange constant avec les gens sur le terrain. Cela permet de mieux cerner leurs besoins, et, par la suite, de procéder aux ajustements nécessaires. Chaque projet est un prototype. Il n’existe pas de solution universelle. Le petit entrepreneur qui rénove une maison n’a pas les mêmes exigences que l’entreprise qui bâtit une tour à condos ou qui répare un pont. Parfois les outils à la disposition des ingénieurs et ingénieures ne suffisent pas, ils doivent en créer de nouveaux. « Il faut sortir du cadre », croit le professeur Morin-Pépin. C’est ce qu’il aimerait que les étudiantes et étudiantes de l’ÉTS retiennent de son enseignement.
Bien sûr, changer les méthodes de travail demande du temps et de la collaboration entre les partenaires impliqués. Mais si l’application est adaptée aux projets où les contraintes spatiales sont importantes, les entreprises voudront l’adopter. « Bien gérer son espace pour mieux gérer son chantier, tout le monde s’entend là-dessus », résume Stéphane Morin Pépin.
