Guy Martial Ngowa Nzali, Ambassadeur ÉTS Relève 2022
Aller au bout de ses rêves!
13 octobre 2022C’est indéniable, Guy Martial Ngowa Nzali a l’étoffe d’un ambassadeur. Plusieurs mots nous viennent en tête quand on regarde son parcours : persévérance, résilience et courage. Né en 1990 au Cameroun avec une paralysie cérébrale qui affecte sa motricité et son langage, il décroche 30 ans plus tard son baccalauréat en génie logiciel à l’ÉTS.
Ses parents ont joué un rôle déterminant dans sa scolarisation. Sa mère a abandonné sa carrière en droit des affaires pour accompagner son fils dans ses apprentissages et s’est par la suite spécialisée en psychomotricité. Son père a toujours pourvu financièrement à ses études.
Voyant leur fils stigmatisé dans le réseau dit régulier, les parents de Guy Martial l’inscrivent dans une école spécialisée, qu’il ne fréquente qu’un an. Il demande à retourner à l’école régulière. Il veut apprendre comme les autres enfants.
Il doit mettre les bouchées doubles. Sa motricité le ralentit. Son élocution est laborieuse. Le soir, avec sa mère, il repasse tous les apprentissages de la journée. Et le défi est constant : faire comprendre aux autres que son handicap est physique et qu’il a les mêmes capacités intellectuelles que ses pairs.
Il obtient son premier diplôme en 2004. Pour lui, maintenant, tous les rêves sont permis. « Au départ, je voulais être médecin ou généticien, mais mes parents m’ont fait comprendre que c’était impossible en raison de ma motricité, explique le trentenaire. J’ai donc décidé de faire des études en génie logiciel dans l’espoir de m’orienter ensuite en biomédical. Je voulais concevoir des instruments médicaux. »
C’est avec un diplôme en programmation et analyse informatique en poche qu’il entre à l’ÉTS en 2013. Pourquoi quitter son pays et sa famille? Parce qu’il espère trouver au Québec des services et du soutien adaptés à sa condition. Et en effet, l’ÉTS lui offre les accommodements nécessaires à sa réussite, lui permettant d’étudier à son rythme. « Mon père est venu avec moi à Montréal pour m’installer à l’ÉTS. Il m’a conseillé de rester et de me battre pour réussir. » Il est très fier de son fils et l’a entièrement soutenu dans son projet d’études.
La persévérance et l’assiduité de Guy Martial portent fruit : il obtient son baccalauréat en 2020. La même année, il gagne le prix AVENIR Personnalité persévérante au gala Forces AVENIR, un événement qui souligne annuellement les réalisations d’étudiantes et d’étudiants exceptionnels et engagés.
Trouver des solutions
Dès son entrée à l’ÉTS, il s’interroge sur ce qu’il veut faire. Il fait un premier stage au Laboratoire d’ingénierie pour le développement durable (LIDD) de l’ÉTS. Puis, dans le cadre de son premier emploi, il s’oriente vers l’accessibilité, un domaine qui lui permet de créer des solutions facilitant la vie des personnes en situation de handicap. C’est ce qui le stimule et le passionne. Quand on lui demande si son expérience unique lui permet de trouver des solutions tout aussi uniques, il rit. « Sans vouloir me jeter des fleurs… Oui! »
À sa sortie de l’ÉTS, il travaille pendant deux ans chez Génie Lab, un OBNL ayant pour mission d’améliorer la culture numérique de jeunes de 8 à 17 ans ayant des besoins spéciaux ou issus de milieux défavorisés. Il y occupe le poste de développeur Web et chef de l’accessibilité. Il travaille maintenant pour Desjardins en tant qu’analyste fonctionnel en assurance qualité.
Ambassadeur d’espoir
On a beaucoup écrit sur Guy Martial. Son courage et sa détermination sont admirables et souvent soulignés. Quand on lui demande si cette nomination à titre d’ambassadeur de la relève le surprend, il ne se défile pas. « Non, vu mon parcours particulier. Et oui, car il y avait aussi d’autres candidatures. »
Ce nouveau rôle d’ambassadeur, il le prend au sérieux. « Je compte créer des conférences pour encourager les personnes qui ont des besoins particuliers, explique-t-il. Je ne suis pas la seule personne ayant un handicap qui soit diplômée de l’ÉTS en ingénierie. Je veux partir à la recherche des autres. Je souhaite qu’on se rassemble et qu’on trouve des moyens pour encourager ceux et celles qui veulent devenir ingénieurs. Tout le monde a besoin d’un modèle dans la vie. »
Guy Martial a d’autres projets, d’autres rêves, mais il préfère ne pas trop en dire pour l’instant. « Je ne veux pas me prononcer là-dessus, de peur de créer des attentes, et qu’on me le remette sur le nez dans 5-10 ans, dit-il en riant. Mais dans le cadre du génie ou des arts, j’ai des projets! »
Ce ne sont pas les idées qui lui manquent, et il est généreux de son temps. Il consacre au bénévolat dans le domaine de l’accessibilité trois heures toutes les deux semaines. Il est par ailleurs poète et ambassadeur de la Fondation Guy Martial, qui chapeaute une école spécialisée qu’il a fondée avec sa mère en 2005 au Cameroun.
« Je suis fier de l’espoir que je représente aujourd’hui pour les personnes qui vivent une situation de stigmatisation. »