Une prothèse auditive pourvue de nombreuses facultés
C’est au début des années 2000 que le doctorant Jérémie Voix, aujourd’hui professeur en génie mécanique à l’ÉTS, conçoit un dispositif intra-auriculaire qui attire l’attention de Sonomax – maintenant connue sous le nom de EERS Global.
Au cours de vingt années qui suivront, cette technologie, visant à protéger la santé auditive des travailleurs, conduira à de nouvelles normes et recommandations en matière de protection auditive. Elle percera aussi les marchés internationaux spécialisés en technologies auditives de pointe, et ce, tant du côté industriel que médical, en plus de mener à de nouvelles applications. Ces prothèses auditives sont pourvues de facultés impressionnantes : elles pourraient non seulement protéger la santé auditive, mais aussi diagnostiquer des pathologies de façon précoce ou recourir à l’énergie de la mastication pour se recharger. Fascinant, non?
Interagir avec des interfaces et diagnostiquer des pathologies
Certains appareils auditifs portés par les personnes travaillant dans des milieux bruyants sont pourvus d’un microphone intra-auriculaire aptes à capter les signaux audio à l'intérieur de leur conduit auditif occlus.
Bien que le microphone serve principalement à capter la parole dans des environnements bruyants, il peut également capturer d'autres signaux non verbaux. L’équipe de recherche croit que ces signaux pourraient être utilisés pour interagir avec l’appareil auditif ou avec un ordinateur.
Diagnostiquer des pathologies de façon précoce
Le dispositif intra-auriculaire pourrait même être mis à profit pour détecter les maladies de Parkinson ou l’Alzheimer bien des années avant le diagnostic. La façon de déglutir ou de respirer, qui est captée par ces dispositifs, pourrait agir comme signal.
Grâce aux différents sons physiologiques, appelés biosignaux, les chercheurs et chercheuses pourraient détecter des pathologies qui, autrement, passeraient inaperçues. Par exemple, ils pourraient entendre les symptômes des maladies de Parkinson ou de l’Alzheimer, car les phases de déglutition associée à la respiration de quelqu’un qui va développer le Parkinson commencent à changer assez tôt.
Utiliser l’énergie de la mastication pour recharger les piles des dispositifs auditifs
Des centaines de millions de personnes doivent remplacer les piles boutons de leurs prothèses auditives. Ces changements de piles constituent malheureusement une source de déchets, une dépense importante et une perte de temps en plus de nécessiter une bonne dextérité. Il peut être possible de rendre les prothèses auditives autonomes en recourant à l’énergie générée par les mouvements de la mastication.
En très peu de temps, les appareils intra-auriculaires sont passés des prothèses auditives à une multitude d'appareils électroniques tels que les écouteurs sans fil et les bouchons d'oreille numériques. Pour fonctionner, ces appareils reposent exclusivement sur des piles, qui sont non seulement encombrantes mais aussi connues pour leurs nombreux désavantages.
L’équipe étudie la possibilité de recourir aux mouvements dynamiques du canal auditif générés par l'activité de la mâchoire pour fournir de l'énergie aux dispositifs intra-auriculaires.
De nombreux prix et reconnaissances
Fort du potentiel de toutes ces technologies, l’équipe a récolté de nombreux honneurs : CES Awards, Edison Awards, Prix du meilleur produit de l’Association des directeurs de recherche industrielle du Québec et le Réseau conseil en technologie et en innovation (ADRIQ-RCTI), pour ne nommer que ces derniers.
Pour en savoir plus
Chaire de recherche industrielle ÉTS-EERS en technologies intra-auriculaires
