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Repenser les matériaux de construction pour sauver la planète

Matériaux de construction et échantillons pour étude en génie.
Différents matériaux développés par l’équipe.

Conception de matériaux de construction durables, voire intelligents, adaptés aux défis que posent les changements climatiques. Valorisation des résidus. Amélioration de la performance tout au long du cycle de vie. Voilà ce qui stimule et motive Claudiane Ouellet-Plamondon.

Professeure au Département de génie de la construction depuis 2014, Claudiane Ouellet-Plamondon ne chôme pas. Elle contribue à la publication de nombreux articles scientifiques, enseigne et fait de la recherche. « Je m’intéresse à la conception de matériaux pour faire face aux défis en construction. Cela veut dire trouver de nouvelles formulations et de nouveaux procédés de fabrication, aussi en considérant leur impacts environnementaux. »

Comme titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les matériaux de construction multifonctionnels durables, Claudiane Ouellet-Plamondon s’intéresse aussi à la circulation des matériaux d’une industrie à l’autre comme piste de solution de recyclage. Elle et son équipe se penchent notamment sur les moyens de valoriser les résidus de la production d’aluminium primaire. Il s’agit d’une industrie majeure au Québec qui en est le plus gros producteur au monde.

« On pourrait enfouir ces résidus, mais ce sont des matériaux qui ont encore une valeur. Les cimenteries ont un intérêt pour ceux-ci », explique-t-elle. Puisque l’industrie du ciment et du béton est très réglementée et normée, les équipes de recherche doivent s’assurer de rencontrer les standards nécessaires pour l’utilisation des résidus dans la prochaine industrie.

Retour aux sources pour les matériaux d’avenir

Femme en tenue professionnelle souriante, empreinte de confiance, évoquant l'innovation et le progrès.
Claudiane Ouellet-Plamondon, professeure au Département de génie de la construction de l’ÉTS

Les recherches de Claudiane Ouellet-Plamondon portent également sur les matériaux de construction. Elle s’inspire des matériaux biosourcés comme le béton de chanvre ou la terre, pour imaginer les matériaux de demain.

En matière de construction durable, la terre est difficile à battre. « La moitié de l’humanité habite encore dans des constructions en terre. C’est un matériau qui demande peu de transformation. Son utilisation est historique. Maintenant, il faut la documenter, l’étudier. Quels sont les liants efficaces? Sa résistance? Son isolation thermique, sonore? Comment notre expertise en structures de bois peut-elle nous aider pour les constructions de terre? »

Le développement durable comme pivot

« Le développement durable m’a toujours intéressée. Les limites planétaires aussi. Les grandes limites sont connues et on les dépasse à certains niveaux. Quand c’est le cas, que peut-on faire pour nous ajuster, rectifier le tir? »

C’est cette question qui est au centre des travaux de Claudiane Ouellet-Plamondon. Pour avoir un réel impact, le développement durable se doit d’être transversal, et être à la fois économique, social et environnemental. « Pour chacun de nos projets, nous tâchons de connecter l’enjeu dominant aux autres axes. »

Créativité et persévérance

La crise climatique change la donne et demande des matériaux différents, adaptés. Il reste beaucoup d’inconnus et de questions encore sans réponse. Et c’est précisément ce qui plaît le plus à Claudiane Ouellet-Plamondon. « C’est la phase de l’idéation et du développement de solutions que je préfère. » La mise en place de la solution et la relation qui se développe avec les organisations et les entreprises impliquées dans les projets sont également source de motivation. L’un de ses nouveaux projets porte sur la recherche de solutions pour contrer l’érosion découlant de l’augmentation de la navigation dans le fleuve Saint-Laurent, où l’utilisation de matériaux imprimés sera explorée. Un autre projet récent vise à promouvoir les arts, la science et l’ingénierie.

Elle ne s’en cache pas: les demandes de financement, les démarches plus protocolaires de même que la phase de démarrage et le suivi de projets prennent beaucoup de persévérance jusqu’aux résultats finaux. Surtout en raison du temps et de l’attention aux détails que ces étapes peuvent parfois prendre. Mais sans ces passages obligés, la recherche n’est pas possible.

Équipe d’étudiants en ingénierie avec un robot avancé.
Claudiane Ouellet-Plamondon et son équipe de chercheurs

C’est d’ailleurs le conseil ou plutôt la mise en garde qu’elle aurait aimé recevoir. « C’est vrai que l’on doit choisir de travailler dans ce qui nous intéresse, mais en recherche, il faut également trouver les ressources. C’est plus complexe et ça prend de l’énergie, c’est pourquoi il faut être passionné. C’est essentiel pour prendre notre place, développer une filière et avoir du leadership. »