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Faciliter l’apprentissage d’une langue seconde par l’échographie

Achetée sur Gettyimages. Droits d’auteur.

Apprendre une nouvelle langue n’est jamais facile, mais, la plupart du temps, fait partie du processus d’intégration des personnes migrantes. En plus des multiples règles de grammaire, particularités syntaxiques et du vocabulaire, les personnes désirant acquérir une langue seconde doivent apprendre à maîtriser ou à modifier différents motifs articulatoires des lèvres, de la mâchoire et de la langue, afin de produire des sons qui n’existent pas dans leur langue maternelle. Les néophytes peuvent tenter d’imiter les mouvements des lèvres et de la mâchoire lorsqu’ils essaient de parfaire ces nouveaux sons. Toutefois, l’articulateur permettant le plus de variation du conduit vocal demeure invisible : la langue. C’est l’articulateur qu’on aura le plus de difficulté à conceptualiser, à visualiser et à maîtriser. Des chercheurs et chercheuses du Laboratoire de traitement de l’information en santé (LATIS) se sont donné le mandat d’atténuer cet obstacle en misant sur l’échographie.

L’échographie pour observer les gestes de la langue

L’idée d’utiliser l’échographie comme moyen de rétroaction (bio-feedback) pour parfaire la prononciation n’est pas nouvelle et beaucoup d’acteurs et actrices du milieu de l’orthophonie y croient. Mais pour l’instant, les preuves d’efficacité sont qualitatives et anecdotiques. De plus, les études se limitent principalement aux problèmes de prononciation couramment rencontrés chez les enfants (p. ex. le « r » anglais).

Les chercheurs et chercheuses du LATIS se pencheront sur l’étude des mouvements de la langue effectués pour produire certains sons par des personnes participant à des cours d’anglais langue seconde. L’équipe de recherche tentera aussi d’analyser les changements qui surviennent dans ces mouvements au fur et à mesure de l’apprentissage, en suivant une cohorte d’étudiants et d’étudiantes de façon longitudinale. Peu d’outils et de modèles mathématiques existent actuellement pour caractériser ce type de données, d’où les défis particuliers de cette recherche.

Obstacles à surmonter

Si, en principe, détecter et interpréter les gestes de la langue par échographie semble une tâche simple, plusieurs difficultés devront être surmontées. En premier lieu, chaque conduit vocal possède une forme unique et chaque locuteur utilise des stratégies qui lui sont propres pour produire des sons. En effet, l’articulation s’appuie sur un système redondant : plusieurs configurations des lèvres, de la langue et de la mâchoire peuvent mener à l’émission du même son.

De plus, un phénomène appelé coarticulation vient compliquer davantage le jeu. La production de certains sons est influencée par le son qui les précède ou les suit. Par exemple lorsque la voyelle « ou » suit la consonne « b » (bou), le mouvement est initié par la langue avant la production du son, alors que c’est moins le cas si un « ou » suit un « t » (tou). Notons aussi que la coarticulation d’une même syllabe varie d’une langue à l’autre et serait un apprentissage particulièrement difficile pour les personnes en apprentissage d’une langue seconde.

L’échographie du conduit vocal utilisée depuis quelques décennies pour l’étude de la phonétique articulatoire est pratique, sécuritaire et non-intrusive. Cependant, la qualité des images produites est très variable d’un sujet à l’autre, d’un praticien à l’autre et d’un son à l’autre (le bout de la langue peut devenir invisible en raison de la présence d’air lors de la production d’un « t », par exemple). Cela entraîne des défis pour l’analyse automatique des images qui sera nécessaire pour réaliser l’étude, ainsi que pour leur interprétation à des fins de bio-feedback par des observateurs peu expérimentés.

À suivre…

Dans un premier temps, un logiciel sera développé pour permettre la visualisation de différentes formes, plus ou moins sophistiquées, de biofeedback articulatoire basé sur l’échographie pendant des exercices de prononciation conçus pour des apprenants de l’anglais langue seconde. Plusieurs cohortes d’apprenants de l’anglais langue seconde, ciblés parmi des groupes linguistiques différents, seront recrutés pour évaluer les différentes approches de biofeedback, et pour étudier l’évolution de l’apprentissage des nouveaux gestes articulatoires sur une période de plusieurs mois. De nouveaux modèles mathématiques seront développés pour caractériser l’évolution des gestes articulatoires au fil de l’apprentissage et établir le lien entre les gestes articulatoires et les caractéristiques acoustiques des sons produits et leur perception par des auditeurs.

Le protocole expérimental s’appuiera sur des connaissances et approches provenant des sciences informatiques, de la linguistique et de la didactique des langues. Ainsi, une approche interdisciplinaire sera utilisée pour la conception des nouveaux outils mathématiques et informatiques afin de mener à des données expérimentales interprétables d’un point de vue linguistique. Le projet mettra donc à contribution des expertises dans le domaine de l’analyse d’images, mais aussi dans le domaine de la phonétique, de la phonologie et de la didactique des langues à travers des collaborations avec la professeure Lucie Ménard de l’UQAM et le professeur Walcir Cardoso de l’Université Concordia.

À propos des auteurs
Catherine Laporte is a Professor in the Department of Electrical Engineering at ÉTS. Her research focuses on developing new image analysis techniques to facilitate ultrasound and emerging medical imaging applications.