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Le dompteur de vents

Pont de Tacoma, Washington

Achetée sur Istockphoto.com. Droits d’auteur.

Lorsque Reda Snaiki, nouveau professeur au Département de génie de la construction, voit un pont à hauban balloter au gré du vent, il sait qu’il est dans un cauchemar. Ingénieur civil, Reda Snaiki fait la chasse au vent, prédit, prévoit, conçoit en fonction de leur puissance. Il travaille sur des thématiques liées à la science de l’atmosphère ainsi que sur l’interaction entre le vent et les structures.

Toutes les personnes qui étudient en ingénierie civile ont en tête l’effondrement du pont Tacoma en 1940. À cette époque, on ne tenait compte que des effets statiques du vent. « Lorsque le vent impacte un pont, il génère des forces aérodynamiques qui se transfèrent sur la dynamique de la structure, qui elle, agit sur l’aérodynamique de l’ouvrage. Donc, il y a un couplage entre les deux qui engendrent la réponse structurale », explique Reda Snaiki.

Reda découvre le monde des vents

Après ses études d’ingénieur au Maroc, Reda obtient une bourse d’études Fulbright qui le propulse aux États-Unis où il découvre le génie parasismique, et plus tard, l’ingénierie du vent. Son superviseur Teng Wu, professeur émérite à l’Université d’État de New York à Buffalo, lui donne accès à un monde aux multiples ramifications : « J’ai eu la chance de suivre le cours d’ingénierie du vent et j’ai vraiment été très, très stupéfait parce que j’ignorais tout ce que ça pouvait impliquer ».

Ce champ de recherche englobe plusieurs facettes. Outre la caractérisation des conditions des vents, l’ingénierie du vent analyse l’impact du type de terrain, l’aérodynamique et la dynamique des structures et bien sûr, l’évaluation de la vulnérabilité des constructions aux changements climatiques.

NJ Coast, l’application qui sauve des vies

Reda Snaiki, professeur à l’ÉTSReda Snaiki obtient son doctorat en 2020. Sa thèse porte sur l’évaluation des aléas des ouragans et leur impact sur les infrastructures sous un climat changeant. Ses recherches lui permettent de collaborer avec plusieurs universités pour créer une application qui simule des impacts à l’échelle régionale des risques naturels sur l’environnement bâti. « On a développé une plateforme appelée NJ Coast pour le compte du New Jersey afin d’établir un plan d’action pour sauver les vies et atténuer les dégâts en cas d’ouragan. »

Reda Snaiki se sent dans son élément, il l’admet volontiers. En 2019, son article sur la dynamique des fluides est primé par l’Engineering Mechanics Institute (EMI). La même année, il reçoit le prix d’excellence en recherche du département de génie civil. Il est porté par la vague qui l’amène jusqu’au Québec.

Gagner sa vie grâce aux turbulences

Professeur régulier à l’Université du Québec à Chicoutimi, il prend plaisir à enseigner l’hydrologie, la topométrie et la réhabilitation et l’entretien des structures à la jeune relève. Mais au bout d’un an, il préfère s’approcher d’un grand centre. Il obtient un poste à l’ÉTS. « J’ai été surpris par la qualité de l’enseignement et de la recherche. Dans la plupart des cours, il y a des laboratoires appliqués. C’est un environnement parfait pour un jeune chercheur. »
La table de travail de Reda déborde de projets de recherche, dont deux qui lui tiennent particulièrement à cœur : assurer la sécurité des drones dans des secteurs propices aux vents et pousser plus loin l’étude des façades dynamiques des bâtiments.

To drone or not to drone (les drones aux quatre vents)

De plus en plus, on fait appel aux drones pour de multiples tâches, notamment pour la livraison de médicaments dans des régions difficiles d’accès. Dans certaines villes canadiennes, le vent extrême empêche l’atterrissage des appareils. « Il faut prévoir les fluctuations du vent en temps réel pour que les drones évitent les zones à grand risque. À Montréal, ce sont les tempêtes hivernales ou les cyclones extratropicaux qui représentent une menace ». L’utilisation de l’intelligence artificielle permettra de doter les drones d’une vision précise, bien sûr, mais également d’une capacité de modifier rapidement leur plan de vol pour un atterrissage sécuritaire.

Drone livrant un paquet

Bâtiment en mutation

Reda travaille également sur l’optimisation aérodynamique de la structure en temps réel, ce qu’on appelle la morphose structurelle. Ce concept très innovant permet d’utiliser l’intelligence artificielle pour diminuer le niveau des forces aérodynamiques, et par conséquent, réduire la réponse structurelle des bâtiments. Ainsi des vérins installés aux coins de bâtiments pourront modifier la forme aérodynamique d’un bâtiment en temps réel. « Le but est d’avoir une forme qui change avec le temps. On peut se servir de cette technologie pour d’autres structures afin de minimiser non seulement les forces du vent, mais aussi l’impact d’aléas comme la glace ou la neige. »

Pour Reda Snaiki, l’ingénierie du vent poursuit un seul but, protéger le bâti contre aléas de dame Nature. Et avec les changements climatiques qui prennent de l’ampleur, cette science émergente a le vent dans les voiles.