7 mars 2024
Planifier des projets majeurs au Québec et ailleurs dans le monde représente un défi colossal en matière de contrôle des coûts dans l’industrie de la construction. « Pourtant le Royaume-Uni, l’Australie, ou encore, la Nouvelle-Zélande figurent parmi les pays pionniers dans l’adoption du type de contrats par alliance », précise Gabriel Jobidon, professeur adjoint au Département de génie de la construction de l’ÉTS.
Le mode de réalisation traditionnel favorise le travail en silo. Les firmes responsables élaborent les plans, puis les transfèrent à l’entrepreneur qui, lui, fait appel à différents sous-traitants et fournisseurs pour l’exécution successive des autres étapes. Si un pépin survient, à qui la faute? Chacun se renvoie la balle.
En revanche, la formule par alliance, ou la réalisation de projet intégrée, réunit maître d’ouvrage, professionnels et entrepreneur autour d’un même contrat pour donner corps au projet. La mise en œuvre, les risques et les bénéfices sont partagés entre les partenaires, ce qui élimine la culture du blâme.
Ensemble, les parties prenantes conviennent d’un prix cible, qui comprend une enveloppe dédiée aux risques et aux imprévus. Ainsi, advenant que le prix réel soit inférieur au prix cible, les profits additionnels seront répartis entre les parties. Dans le cas contraire, les pertes seront assumées collectivement. « C’est donc un incitatif pour bien effectuer les travaux sans réclamer le paiement d’extras », résume le professeur Jobidon.
Gabriel Jobidon se spécialise dans les procédures d’appels d’offres, particulièrement dans le domaine des contrats collaboratifs. Son champ d’expertise couvre également le développement durable et la mise en place d’infrastructures résilientes.
Un parcours universitaire sinueux
Gabriel Jobidon, professeur à l’ÉTS
Rien ne prédestine le jeune Gabriel au domaine du droit. Il s’intéresse plutôt à la musique et à la littérature. « J’ai eu une relation amour-haine avec le droit tout au long de mes études », avoue-t-il. Il termine un baccalauréat en droit, puis une maîtrise en administration des affaires à l’Université de Sherbrooke. Gabriel se sent un peu à l’étroit dans ces univers austères. Il bifurque vers une maîtrise en gestion de l’environnement à la même université.
À la fin de cette étape, Gabriel apprend que la Chaire industrielle de recherche sur la construction écoresponsable en bois de l’Université Laval ouvre un poste pour un doctorant spécialisé en droit et en gestion de l’environnement. « Mon Dieu, quelles sont les chances qu’on soit à l’affût d’une personne ayant exactement mon profil! », se demande Gabriel.
Sa rencontre avec Pierre Lemieux, le doyen de la faculté de droit, qui deviendra son directeur de thèse, s’avère déterminante pour Gabriel. « Le professeur Lemieux a été le premier à appuyer mes démarches visant à décloisonner le droit dans la recherche », soutient Gabriel. Il est aussi celui qui pave la voie à l’étudiant en lui offrant des charges de cours et en facilitant l’obtention de contrats de recherche. Gabriel reçoit son doctorat en droit de l’Université Laval en 2022, plus convaincu que jamais de la nécessité d’opter pour la réalisation intégrée lors de projets majeurs d’infrastructures.
Gabriel Jobidon enseigne depuis quelques années déjà, d’abord au Séminaire de Sherbrooke, puis à l’Université Laval, lorsqu’il accepte le poste de professeur adjoint à l’ÉTS au département de génie de la construction.
Choisir l’ÉTS et élargir son horizon
Son double champ d’expertise lui permet de sensibiliser les futurs ingénieurs et ingénieures aux cadres juridiques de leur travail, mais aussi à tout ce qui touche la portion environnementale dans un contexte de changements climatiques.
Le secteur de la construction se heurte à des problèmes complexes. « Si on veut que des projets d’envergure avancent, il faut trouver des manières innovantes de partager les risques. Et la confiance entre les parties est le fondement même de cette évolution », conclut Gabriel Jobidon.
