Connecter le monde grâce au ciel!
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« L’objectif ultime, c’est que tout le monde puisse se connecter n’importe où sur la planète! » déclare Wael Jaafar, professeur associé au Département de génie logiciel et des technologies de l’information de l’ÉTS.
Spécialisé dans les réseaux de communication sans fil, Wael a développé une expertise dans le domaine des réseaux aériens 5G et 6G. Drones, satellites, ballons ou plutôt plateformes à haute altitude, ce type d’objets volants transportent l’avenir de la communication. « Grâce à cette technologie, on pourra se connecter avec un cellulaire à une plateforme stationnaire qui se trouve à 20 kilomètres de la Terre plutôt que de passer par un satellite en orbite à 400 kilomètres d’altitude », explique le professeur Jaafar.
Du Commodore au ballon stratosphérique
Wael Jaafar découvre l’informatique à l’adolescence en s’amusant à programmer des jeux sur les vieux Commodore qui meublent la Maison de la culture où travaille son père. Cette passion le mène naturellement vers des études à l’École Supérieure des Communications de Tunis. Lors de son stage de fin d’études, le jeune Wael décide d’explorer ce qui se fait à l’étranger. Il opte pour l’Université du Québec à Montréal et y rencontre le professeur Wessam Ajib qui marquera son parcours en télécommunications, notamment dans le domaine des réseaux sans fil.
Détenteur d’un baccalauréat en ingénierie des télécommunications, Wael reçoit une bourse d’État qui lui permet de poursuivre ses études au Canada, cette fois à Polytechnique Montréal où il obtiendra sa maîtrise, puis son doctorat en génie électrique. Sa thèse porte sur les réseaux à radios cognitifs qui facilitent l’utilisation conjointe de bandes de fréquences par des réseaux primaires et secondaires. La réflexion sur les techniques de coopération dans le domaine des communications a toujours orienté les recherches du professeur Jaafar, même à ce jour.
Une incursion en industrie, semer pour l’avenir
Après de longues années sur les bancs d’école, Wael Jaafar sent le besoin de mettre à l’épreuve ses connaissances dans un environnement concret. Il accepte un poste d’ingénieur consultant chez SNC-Lavalin dans la division des télécommunications. Durant quatre années, il affine ses compétences en gestion de projets et établit des liens avec des clients internationaux. Toutefois, Wael se rend compte que l’horizon pour un chercheur est limité en industrie : « Ça avance très lentement, je trouve. »
Il s’ennuie du milieu de la recherche et des discussions avec les étudiants. Il recontacte son professeur Wessam Ajib qui l’invite à effectuer un stage postdoctoral à l’UQAM, mais en informatique plutôt qu’en génie électrique. « En sortant de ma zone de confort, j’ai découvert des volets complémentaires de la gestion d’un réseau de communication, notamment le stockage et le traitement de données, ou encore, l’utilisation de l’intelligence artificielle qui me serviront pour mes projets. »
Les yeux vers le ciel
Quelques mois plus tard, l’obtention de la bourse postdoctorale du CRSNG emmène Wael Jaafar à intégrer l’équipe du professeur Halim Yanikomeroglu à l’Université Carleton d’Ottawa. Sa rencontre avec Halim Yanikomeroglu, une sommité dans la technologie des réseaux non terrestres, incitera Wael Jaafar à franchir le seuil d’un nouvel univers, celui des drones et des plateformes aériennes. Wael venait de trouver sa voie.
Sous forme de ballons gonflés à l’hélium ou d’avions alimentés par l’énergie solaire, ces stations-relais, dotées d’une capacité de stockage de données et de calcul phénoménale, couvrent à partir des airs un rayon entre 20 et 100 kilomètres. « Avec quelques dizaines de ballons, tu peux desservir tout le Japon », assure Wael, enthousiaste.
Wael Jaafar pense que c’est le moyen le plus simple pour connecter les trois milliards d’exclus du numérique qui habitent des zones éloignées ou des villages éparpillés. Par ailleurs, ces ballons stratosphériques permettront de sauver des gens en situation de détresse.
Les ballons flottants en zones sinistrées
Wael Jaafar fait partie d’un groupe de travail qui se concentre sur les technologies de sécurité publique. « La connectivité via ces plateformes sera inévitable dans un avenir rapproché autant dans les zones urbaines que dans les zones non couvertes », prédit Wael. Lors de séismes ou autres catastrophes, et que les infrastructures terrestres s’effondrent, l’aide ne peut venir que du ciel, de ces ballons flottants, équipés d’intelligence artificielle pour guider les secouristes et pour rétablir les communications.
L’ÉTS, concrétiser des projets avec l’industrie
Wael Jaafar a beaucoup à transmettre aux étudiants. Partager ses hypothèses, raconter ses expériences, pousser à la réflexion ne peut que contribuer à sensibiliser les futurs ingénieurs et ingénieures aux enjeux sociaux. « Parfois la bonne solution n’est pas la meilleure, mais celle qui est la plus appropriée à la situation. » Si Wael Jaafar a choisi d’enseigner à l’ÉTS, c’est parce que les liens avec l’industrie facilitent le développement de projets porteurs d’avenir.
Utiliser les ressources actuelles en complémentarité
Au cours des prochaines années, Wael Jaafar axera ses travaux sur la complémentarité entre les réseaux terrestres et non terrestres. Il croit à l’importance d’optimiser l’utilisation des ressources existantes et de les jumeler avec les nouvelles technologies des plateformes aériennes. Quand le ciel et la Terre se connecteront, le monde aura peut-être une meilleure chance de s’entendre.