Apprentissage machine et médecine : un avenir prometteur
Achetée sur Istockphoto.com. Droits d’auteur.
Qu’ont en commun l’intelligence artificielle et les soins intensifs pédiatriques? Ils passionnent tous les deux la professeure Rita Noumeir qui œuvre depuis plusieurs années à faciliter la tâche des médecins grâce à l’utilisation des nouvelles technologies.
À la tête depuis 2021 de la Chaire de recherche sur le développement et la validation de systèmes d’aide à la décision clinique à l’aide de l’intelligence artificielle avec le professeur Philippe Jouvet, Rita Noumeir développe des logiciels et des algorithmes qui traitent et analysent des données massives. Ces données, qui proviennent à la fois des informations captées sur le patient et de données antérieures, sont analysées pour aider les médecins à avoir une lecture plus objective de la situation.
« Le médecin doit utiliser toutes les données qu’il a en sa possession pour poser des gestes et améliorer la santé du patient », explique Rita Noumeir. Or, beaucoup d’informations sont captées lors de l’évaluation visuelle faite par le médecin. « Ce sont des évaluations valables mais subjectives. » De plus, elles requièrent une présence au chevet du patient.
L’intelligence artificielle à la rescousse
En utilisant, par exemple, un ensemble de caméras qui capte la profondeur (3D) et les infrarouges, les chercheurs obtiennent des données sur le volume d’air respiré par les patients qui ne sont pas branchés à un respirateur. « Le système d’aide à la décision traite ces données et donne de nouvelles informations synthétisées au médecin. » Un autre avantage non négligeable de l’utilisation de caméras connectées : elles permettent la prise en charge des patients lors des transports et pallient le manque d’expertise en régions éloignées.
Rita Noumeir donne un autre exemple. L’utilisation d’algorithmes a permis de réduire le temps d’ajustement nécessaire à l’atteinte du bon taux d’oxygénation pour les patients sous respirateur. « La combinaison des données recueillies sur le patient avec les données antérieures aide le médecin à choisir les paramètres les mieux adaptés à la situation. »
Une pionnière du dossier médical électronique
Après l’obtention de son doctorat en génie biomédical, Rita Noumeir travaille en imagerie médicale et en médecine nucléaire.
Son intérêt pour l’amélioration des soins à l’aide de nouvelles technologies l’amène à collaborer au déploiement du dossier médical électronique. Elle développe l’architecture d’information nécessaire à l’échange de données, une architecture utilisée mondialement. Avec le déploiement du dossier de santé, la chercheuse a accès à davantage de nouvelles données et travaille sur des moyens d’en faire profiter les médecins.
L’introduction des algorithmes d’aide à la décision aux soins intensifs est relativement récente. « Ce sont les domaines qui avaient déjà des données numériques, comme l’imagerie médicale, la cardiologie et la neurologie qui ont bénéficié les premiers de ces nouvelles technologies. »
Des impacts mesurables et concrets
On voit la passion dans le regard de la chercheuse quand on lui demande quels aspects de la recherche lui plaisent le plus. « Nos recherches visent à améliorer les soins et la santé des êtres humains. Nous avons un impact direct, mesurable, rapide et concret. C’est passionnant. C’est un objectif noble qui touche une corde sensible. »
Elle se passionne également pour la transmission de ses connaissances et la formation des ingénieurs qui vont contribuer à l’avancement des sciences et de la société. À cet égard, elle souhaiterait voir plus de jeunes femmes choisir le métier d’ingénieure. « La profession est méconnue. Il y a encore beaucoup d’efforts à faire pour éduquer les jeunes, voire les très jeunes. Il y en a pour toutes, c’est tellement varié! »