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Aide à la recherche scientifique

La qualité de la rédaction scientifique augmente-t-elle l’impact de votre recherche?

la qualité de la rédaction est importante

Le processus de découverte scientifique culmine avec la communication de nouvelles idées. Plus particulièrement, la communication écrite permet le partage des découvertes avec la communauté scientifique ou le grand public. Écrire pour les pairs, par l’intermédiaire d’articles de revues scientifiques et de conférences, occupe d’ailleurs une grande partie du temps d’un chercheur. Cependant, les opinions sont variées quant à ce qui définit une rédaction scientifique adéquate. On peut alors se demander : le fait de « bien » rédiger est-il nécessaire dans le domaine des sciences?

L’impact d’une bonne rédaction

Bien rédiger implique d’exprimer ses idées avec clarté, simplicité et précision (Ragins, 2012). Afin de connaître l’impact d’une bonne rédaction scientifique, il importe de quantifier le phénomène ainsi que l’impact que celui-ci génère. De manière générale, une bonne rédaction assure une meilleure compréhension du texte par le lecteur (p. ex. facilité à lire) et permet une plus grande dissémination des idées (p. ex. citations). Certaines recherches indiquent d’ailleurs qu’il y existe un lien entre la qualité de la rédaction et l’impact puisque les scientifiques qui publient davantage rédigent des textes de meilleure qualité (Valiela, 2009, p. 102). La question devient alors : qu’est-ce que « bien rédiger »?

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Plus simple signifie-t-il meilleur?

Le Flesch Reading Ease score est une mesure informatisée de la lisibilité d’un texte basée sur la longueur des mots et des phrases contenus dans un passage (Flesch, 1948). Cette mesure suppose, de manière intentionnellement naïve, que la longueur des mots et des phrases est liée au niveau de complexité d’un texte. Selon cette hypothèse, des mots et des phrases plus courts rendent un texte plus facile à lire. Cette mesure néglige cependant d’autres facteurs tels que les connaissances et la motivation du lecteur à propos du sujet traité (Hartley, 2008, p. 6-7) pour se concentrer sur l’idée qu’une rédaction scientifique claire devrait être dépouillée et concise. Le Flesch Reading Ease score est un outil disponible à tous. Les auteurs peuvent l’utiliser comme un indicateur rapide et simple leur permettant de vérifier si les versions successives de leurs ébauches sont de plus en plus simples à lire (Hartley, 2008, p. 7). En utilisant cette mesure, Hartley et al. (2002) ont découvert que les articles connus et influents sont significativement plus simples à lire.

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Plus récemment, Letchford et al. (2015) ont indiqué qu’un titre d’article court (ce qui est souvent encouragé par les éditeurs de revue scientifique) augmente le nombre de citations reçues. Pourtant, une étude antérieure dans le domaine médical (Jacques et Sebire, 2010) avançait le contraire puisque les articles en sciences médicales portant des titres plus longs recevaient davantage de citations. Cette conclusion est due au fait que les titres plus long sont plus clairs et complets puisqu’ils incluent plus de mots-clés pertinents dans le domaine médical (p. ex. noms de maladies ou de médicaments). Bref, plus simple signifie parfois mieux, mais pas toujours. Dans ce cas, que peut-on utiliser d’autre comme indicateur d’une bonne rédaction?

Clarté est synonyme de meilleur

Kröll et al. (2014) ont étudié le lien entre l’impact scientifique d’un article et la qualité de sa rédaction. Pour y arriver, ceux-ci ont utilisé des techniques de fouille de texte et de traitement automatique du langage naturel pour extraire automatiquement une série de principes généraux sur la rédaction (p. ex. utilisation de la voix active plutôt que passive) au sein d’un large échantillon de littérature scientifique. Les chercheurs indiquent que les revues scientifiques avec un faible facteur d’impact contiennent des articles rédigés de manière moins précise et claire que celles avec un facteur d’impact plus élevé. Cette étude indique également que les articles parus dans des revues avec un facteur d’impact élevé respectent davantage les principes recommandés en matière de conjugaison des temps de verbe.

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Coates et al. (2002) ont quant à eux observé l’influence des erreurs stylistiques et grammaticales sur l’acceptation d’un article pour publication dans une revue scientifique. Leur étude démontre l’existence d’un lien entre une mauvaise rédaction et un faible taux d’acceptation. Les auteurs tirent donc la conclusion qu’à mérite scientifique égal, un article mal rédigé a moins de chance d’être publié qu’un article bien rédigé, et ce, même si les éditeurs ne mentionnent pas la qualité de la langue comme un critère de rejet d’un article. Coates et al. (2002) indiquent également qu’un article bien rédigé est jugé seulement sur ses mérites scientifiques, sans interférence de la langue.

Principes généraux : mettez-vous à la place du lecteur

Lors de la rédaction d’un article scientifique, anticipez les besoins potentiels du lecteur. Des notions techniques et complexes lui sont souvent étrangères et il est possible de l’aider en communiquant vos idées aussi clairement que possible. Les idées doivent être exprimées avec précision, introduites au bon endroit et former une trame narrative facile à suivre. Pensez également à utiliser un style de rédaction approprié tout en respectant les règles grammaticales de la langue (résumé à partir du SARA : Service d’aide à la rédaction d’articles, 2015).

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Traduction libre

Les réviseurs de revues scientifiques indiquent que lorsqu’une recherche de qualité est cachée derrière une prose incompréhensible, seuls les réviseurs les plus dévoués prendront le temps de décrypter le texte pour y déceler l’information intéressante (Bol et Hacker, 2013). Ils indiquent également être particulièrement ennuyés par une écriture imprécise qui nécessite de lire dans les pensées de l’auteur et l’absence de fil conducteur clair. Le respect des principes énoncés plus haut vous aidera à éviter ces pièges.

Pour en savoir plus sur cette stratégie, consultez les articles « Pourquoi penser comme le lecteur » et « Comment penser comme le lecteur ».

Comment mieux rédiger? Ne rédigez pas seul dans votre coin!

Dans sa réflexion sur l’importance de former des groupes de rédaction, Murray conseille de créer une micro-culture qui vous soutient dans votre apprentissage de la rédaction scientifique (Murray p.170). Dans notre propre travail à l’École de technologie supérieure (ÉTS), dans le cadre du SARA (une communauté scientifique d’étudiants, de chercheurs et d’experts de l’ÉTS, qui s’entraident dans la rédaction et la publication scientifique), nous avons constaté que l’affirmation « Ne rédigez pas seul dans votre coin! » représente une philosophie durable pour améliorer à la fois l’efficacité et la qualité de votre rédaction. Torrance a montré qu’apprendre à mieux rédiger (style et grammaire) est plus profitable lorsque l’apprentissage implique la réalisation d’un texte portant sur la recherche de l’étudiant ainsi que des cycles de révisions par les pairs (Torrance, 1993). Ainsi, nous avons priorisé certaines activités telles que les blitz de rédaction en groupe, les séances de révision par les pairs en petits groupes, ainsi que d’autres activités qui permettent aux chercheurs de constater qu’ils ne sont pas seuls dans leurs efforts pour améliorer leurs habiletés en rédaction scientifique.

À propos des auteurs
Prasun Lala est agent de recherche au service de la bibliothèque de l’ÉTS et fait partie de l’équipe du Service d’aide à la rédaction d’articles (SARA). Il est aussi formateur pour l’Acfas et membre du service-conseil en communication scientifique du Congrès de l’Acfas. Il est titulaire d’une maîtrise en neurophysiologie du AMRU de l’Université McGill.
Félix Langevin Harnois est bibliothécaire à l’ÉTS et titulaire d’une maîtrise en sciences de l’information de l’Université de Montréal. Il fait partie de l’équipe du Service d’Aide à la Rédaction d’Articles (SARA) où il coordonne les activités et les services offerts.