La migration des systèmes informatiques
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« Un constructeur automobile ne va pas complètement écarter l’ancien modèle pour fabriquer une version plus récente. Il va plutôt réutiliser les composantes qui peuvent être récupérées et les intégrer dans la nouvelle voiture pour minimiser les coûts de développement et de production. »
Manel Abdellatif, chercheuse institutionnelle en génie logiciel à l’ÉTS, consacre ses travaux de recherche à l’évolution et à la migration des systèmes informatiques, à l’étude de la qualité du logiciel et aux processus de test de systèmes dotés d’intelligence artificielle.
Gagnez du temps pour aller plus loin
Effectuer la migration logicielle d’une architecture à une autre, plus spécifiquement d’une architecture monolithique vers une architecture à base de services, peut prendre de trois à six ans dans l’industrie. Ce passage d’une version à une autre s’avère très coûteux en temps et en argent. Manel Abdellatif a développé une approche automatisée qui repose uniquement sur l’étude du code source du système pour repérer les composantes réutilisables. Ces éléments sont ensuite classés par types de services. « Il n’est pas nécessaire d’exécuter le système pour identifier les services, seul le code source est requis », explique la chercheuse.
Pourquoi avoir choisi le génie logiciel? À huit ans, la petite Manel reçoit son premier ordinateur, en noir et blanc, portable par surcroît, et pourtant, cet appareil lui donne accès à un monde qui la fascine toujours. « Mais qu’est-ce qui se passe entre la manette et la console? » Ce questionnement la pousse à explorer le domaine de la programmation. Elle s’inscrit donc à l’École Nationale d’Ingénieurs de Tunis (ENIT) et termine son baccalauréat en 2013.
De Tunis à Montréal
Manel Abdellatif, chercheuse institutionnelle à l’ÉTS
Conseillée et soutenue par le professeur Chamseddine Talhi de l’ÉTS, Manel choisit de poursuivre son programme de 2e cycle à Montréal. Dans son mémoire, la jeune étudiante démontre que l’on peut utiliser efficacement les unités de traitement graphique (GPU), ces puces électroniques responsables des images à l’écran, pour détecter les logiciels malveillants dans les téléphones mobiles ainsi que pour les traitements cryptographiques. Manel Abdellatif obtient sa maîtrise en génie des technologies de l’information en 2016 de l’ÉTS.
Puis, bifurcation de parcours, Manel décide d’entreprendre ses études de doctorat à Polytechnique Montréal. « C’était vraiment un choix orienté vers le sujet de recherche qu’on me proposait : l’identification des services pour assister la migration des systèmes légataires orientés objets vers l’architecture orientée services. » Ce processus est considéré comme le plus difficile lors de la migration. Encadrée par les professeurs Yann-Gael Guéhéneuc et Naouel Moha, la jeune doctorante se concentre sur le repérage des fonctionnalités de service potentielles et des artefacts réutilisables à partir de systèmes existants qui peuvent être encapsulés en services de manière rentable. Elle termine son doctorat en 2021, puis poursuit ses recherches avec un postdoc à l’Université d’Ottawa sous la supervision du professeur Lionel Briand, titulaire d’une chaire de recherche sur la fiabilité et la conformité des logiciels intelligents. Durant cette période, elle travaille en collaboration avec General Motors sur le test de systèmes à base de réseaux de neurones profonds et l’apprentissage par renforcement afin d’améliorer leur performance et leur fiabilité.
Collaboration avec des sommités internationales
Manel Abdellatif est particulièrement reconnaissante aux professeurs Yann-Gaël Guéhéneuc, Lionel Briand, et Naouel Moha, des sommités en génie logiciel, qui l’ont guidée tout au long de ses études supérieures. Leur soutien lui a permis de poursuivre sa passion pour la recherche en génie logiciel et d’approfondir son expertise dans ce domaine, lui permettant ainsi de concrétiser ses idées avec succès.
Assurer la continuité des savoirs
Elle souhaite transmettre à son tour aux étudiants et étudiantes la confiance qui donne l’élan nécessaire pour contourner les obstacles et la rigueur pour asseoir sa crédibilité. Bien que Manel Abdellatif puisse aisément gagner sa vie comme ingénieure dans l’industrie puisqu’elle a collaboré avec plusieurs entreprises, notamment General Motors et Ericsson, son choix demeure l’enseignement. « Je préfère rester dans le milieu universitaire et maintenir un lien étroit avec l’industrie. Et l’ÉTS me permet de combiner ces deux aspects. »
Les couleurs du génie
Lorsque Manel Abdellatif n’est pas en train de détecter les erreurs d’un système ou d’enseigner la méthodologie, elle s’adonne à son passe-temps préféré, l’artisanat à base de résine époxy. Selon l’inspiration du moment, Manel entremêle les couleurs pour donner à ses œuvres un effet texturé flamboyant.
