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Les éditeurs de revues pseudo‐scientifiques : pièges à éviter

éditeurs de revues

Cet article fait suite au premier publié précédemment qui présentait la notion d’éditeurs « prédateurs », et s’attardait à présenter les pratiques des éditeurs de thèses et mémoires sous forme de livre. L’article suivant s’intéressera plutôt à un second type d’éditeur aux pratiques discutables : les éditeurs de revues pseudo‐scientifiques.

Éditeurs de revues pseudo‐scientifiques : les pratiques

Les éditeurs de revues pseudo‐scientifiques sont davantage polymorphes que les éditeurs de thèses et mémoires, car leurs pratiques sont en constante transformation; il est donc plus difficile de les identifier. Leurs activités peuvent aller de la simple pratique douteuse à l’activité carrément illégale.

éditeurs de revues

Ceux-ci fonctionnent généralement sur le modèle de la publication en libre accès, où les frais de traitement des articles sont parfois facturés aux auteurs afin que la publication puisse être diffusée gratuitement. À la base, un tel modèle de publication vise à réduire l’emprise d’un oligopole de grands éditeurs sur les réseaux de diffusion de l’information scientifique en permettant aux résultats de la recherche (financée par les fonds publics) de circuler plus librement (Bourgault, 2013). S’il s’agit d’un modèle de publication légitime qui a gagné en popularité au cours des dernières années, ces « éditeurs prédateurs » pervertissent ce modèle et ternissent l’image des revues en libre accès.

revues pseudo‐scientifiques

Tout comme les éditeurs de thèses et mémoires, les éditeurs de revues pseudo‐scientifiques sollicitent massivement les chercheurs afin d’inciter ceux-ci à publier dans leur revue, mais aussi à devenir membre de leur comité éditorial ou réviseur. Ils affichent toute une gamme de pratiques plus ou moins douteuses dont voici quelques exemples (Bourgault, 2013; Beall, 2015) :

  • Ne pas indiquer clairement ou mentionner aux auteurs les frais de traitement exigibles pour la publication de leur article, puis envoyer la note après publication;
  • Refuser de rembourser des frais de traitement si la publication d’un article est refusée;
  • Offrir aux chercheurs de devenir (bénévolement) éditeur intellectuel d’un numéro thématique de leur revue… à condition de trouver eux-mêmes les collaborateurs à ce numéro. Pratique qui correspond finalement à un simple système pyramidal;
  • Publier des articles déjà parus dans d’autres revues;
  • Mentionner certains auteurs comme membres de leur comité éditorial sans leur consentement;
  • Mentir sur leur localisation, en mentionnant être situés en Amérique ou en Europe alors qu’ils sont (souvent) basés en Asie, ou bien en ajoutant des adjectifs tels « American » ou « British » dans leur appellation;
  • Promettre un processus de révision par les pairs de deux ou trois semaines, voire de quelques jours, alors qu’un tel processus demande généralement plusieurs mois. Ou alors, tout simplement, ne procéder à aucune révision des articles par les pairs;
  • Finalement, s’approprier l’identité de revues réputées en copiant leur titre ou leur site Web, puis solliciter des publications en leur nom auprès des auteurs.

Il est important de rappeler qu’il n’est pas rare, dans le système de publication en libre accès, que les auteurs aient à payer les frais de traitement de leur article. Ce qui correspond à une pratique frauduleuse, ou du moins douteuse, de la part de ces éditeurs de revues est de manquer de transparence en ce qui concerne les frais de publication des articles, de se qualifier de revue scientifique alors qu’ils n’effectuent pas de révision par les pairs, ou alors de s’arroger la notoriété de chercheurs ou de revues réputés sans l’accord de ceux-ci.

Afin d’aider les chercheurs à mieux identifier les revues ou éditeurs fautifs, Jeffrey Beall, professeur agrégé et bibliothécaire à l’Université du Colorado, proposait jusqu’en janvier 2017 une liste noire de ces « éditeurs prédateurs » sur son site Web, Scholarly Open Access. Il était aussi possible d’y consulter la liste des critères qu’il utilisait afin d’identifier ces éditeurs de revues aux pratiques contestables.

revues pseudo‐scientifiques

Voici une liste de questions, inspirée des critères de Beall, permettant de démasquer les éditeurs ou les revues aux pratiques douteuses (Beall, 2015; Brock University Libraries; Cameron, 2015) :

  • L’éditeur publie-t-il un grand nombre de revues avec peu de contenu?
  • Les revues publiées par cet éditeur portent-elles sur des thèmes étonnamment larges (p. ex. Journal of Science) ou combinent-elles des sujets qui ne sont généralement pas traités ensemble (p. ex. International Research Journal of Humanities, Engineering and Pharmaceutical Sciences)?
  • Ces revues sont-elles indexées dans des bases de données reconnues (p. ex. Scopus ou Web of Science)? Sont-elles répertoriées dans des catalogues de bibliothèques universitaires? Sont-elles listées dans le répertoire DOAJ (Directory of Open Access Journal)?
  • Si une revue mentionne avoir un certain facteur d’impact, cette revue est-elle réellement répertoriée dans le Journal Citation Reports? Affiche-t-elle le bon facteur d’impact?
  • La revue a-t-elle un numéro ISSN? Les articles ont-ils des DOI valides?
  • La revue a-t-elle un comité éditorial? Est-il composé de suffisamment de membres (au moins quatre membres)? Ses membres sont-ils affiliés à des universités ou des centres de recherche? Sont-ils des spécialistes du sujet? Savent-ils que leur nom figure sur ce comité éditorial? (Pour le savoir, consultez le site Web du chercheur. Si celui-ci ne mentionne pas siéger au comité éditorial de la revue, alors il est possible qu’il ne sache même pas que son nom y figure!)
  • Plusieurs revues publiées par le même éditeur partagent-elles le même comité éditorial?
  • La revue demande-t-elle au chercheur lui soumettant un article des suggestions de réviseurs?
  • La revue a-t-elle une politique éditoriale claire? A-t-elle une politique de conservation numérique (digital preservation)?
  • Le site Web de l’éditeur ou de la revue offre-t-il suffisamment d’information afin de les contacter? Ou bien la page « Contact us » ne contient-elle qu’un formulaire Web, sans coordonnées?
  • La revue, ses lettres officielles ou son site Web présentent-ils des fautes d’orthographe ou de grammaire?
  • Son site Web semble-t-il amateur? Attention! Un site Web qui semble professionnel n’est pas non plus garant de la qualité scientifique de la revue.

Malgré tout, il n’existe pas de formule infaillible pour identifier ces éditeurs, car, comme il a été mentionné, leurs pratiques sont en constante transformation. Les critères de Beall sont d’ailleurs eux-mêmes critiqués par certains membres de la communauté scientifique. On reproche notamment à Beall d’entretenir des préjugés à l’égard des éditeurs ou revues établis dans des pays en voie de développement, ou encore de chercher à ternir le portrait des revues en libre accès. Certains affirment aussi que la liste de Beall inclut des revues dont les pratiques sont certes maladroites, mais pas nécessairement frauduleuses (Tamburri, 2013). Il est vrai qu’il est souvent difficile de distinguer entre une nouvelle revue dont la réputation reste encore à bâtir et un éditeur aux intentions malveillantes.

revues pseudo‐scientifiques

Pour éviter de tomber dans le piège de ces éditeurs de revues, voici tout de même quelques pratiques et attitudes que vous pouvez appliquer (Bourgault, 2013; Université d’Ottawa; Cameron, 2015) :

  • Soyez critique, particulièrement si vous êtes sollicité directement par un éditeur afin de publier chez lui;
  • Prenez connaissance du processus de la publication scientifique, particulièrement si vous êtes un jeune chercheur. Discutez avec vos collègues et professeurs de leurs expériences de publication;
  • Effectuez des recherches concernant la revue ou l’éditeur, en vérifiant bien sûr son site Web, mais aussi son indexation dans diverses bases de données, sa présence dans le répertoire DOAJ ou en consultant son facteur d’impact directement dans l’outil Journal Citation Reports. Vérifiez les numéros antérieurs de la revue, ou les autres publications du même éditeur afin d’évaluer la qualité des articles déjà publiés;
  • Contactez vous-même l’éditeur afin de connaître les termes du contrat d’édition;

Pour vous aiguiller dans la sélection d’une revue où publier, consultez le guide conçu par les bibliothécaires de l’ÉTS sur le sujet : Choix d’une revue où publier.

Et finalement, si vous désirez rendre disponible le résultat de vos recherches en libre accès, sachez qu’il n’est pas toujours nécessaire de payer des frais de traitement auprès d’un éditeur. En fait, la majorité des éditeurs de revues traditionnels permettent l’autoarchivage et la diffusion des articles scientifiques dans un dépôt institutionnel tel que celui de l’ÉTS, Espace ÉTS. Pour en apprendre plus sur les avantages de déposer vos articles dans le dépôt institutionnel, lisez l’article L’accès libre : le grand allié des chercheurs, ou consultez votre bibliothécaire.

Addenda – Octobre 2017

En janvier 2017, le site web Scholarly Open Access de Jeffrey Beall, qui recensait les revues et éditeurs aux pratiques discutables, a fermé. Il est toujours possible de trouver sur certains sites web des versions archivées de sa liste de revues et d’éditeurs à éviter, ou bien de consulter une version archivée du site web Scholarly Open Access à l’aide de l’outil Wayback Machine.

De nouveaux outils ont aussi été développés au cours des dernières années afin d’aider les chercheurs à identifier les revues de confiance. C’est le cas du site web Think. Check. Submit. qui propose des critères d’évaluation et des pistes de réflexion critique pour les aider à choisir judicieusement les revues où soumettre leurs manuscrits.

 

À propos des auteurs
Marie -Renée De Sève Leboeuf is a librarian at the ÉTS and holds a Master’s degree in Information Science from the University of Montreal. Her work includes the training of students in documentary information retrieval.